Résumé : L’auteure compile ici une série de chroniques qui sont parues dans le Monde. Elle a fait un tour de France, de la Province, pour recueillir une série de témoignages, bien souvent autour de la misère sociale, les jobs précaires, les fins de mois difficiles, les ados qui deviennent parents pour devenir quelqu’un socialement, le mariage pour tous mais pas tant que ça, et le FN, oui, beaucoup de FN, notamment toute une série sur Hénin-Beaumont.
Ce que j’ai aimé : Ça a été pendant un moment mon bouquin de pause clope. Les chroniques ne sont pas très longues, et c’est idéal pour ça. Idéal aussi pour les (pas très gros) besoins au WC. Et si vous aimez le 13h de Jean-Pierre Pernaut avec ces reportages qui sentent bon le je-ne-sais-quoi, ce livre est fait pour vous. Ce que je n’ai pas aimé : Je vais pas remettre ici en question le point de vue journaliste d’Aubenas, que tout le monde sur l’internette a trouvé plutôt bienveillant. Mais les sujets et les témoignages sont trop monocentrés « c’était mieux avant », « où va la France », « ouais y’en a marre mon frère, on vote FN, ouais, ouais ». Putain, c’est que de la complainte de politique de comptoir de village. C’est déprimant à souhait, aucune jolie histoire. On demande pas non plus des histoires de Cendrillon, mais merde, il y a bien des gens heureux quelque part. Pardon, c’est vendeur d’entretenir la morosité ambiante et de rêver des Trente Glorieuses. Ce bouquin est à vomir, et ça me conforte dans mon idée d’avoir quitté la campagne.
Résumé : Suite à la super chronique de Kwaite, je continue de me plonger dans le Barjavel. Ici, on est à Paris. On suit la vie de la famille Collignot : le père est traducteur, la mère, poule au foyer, ainsi que les deux filles, Irène et Aline. Une vie banale d’après guerre, jusqu’à ce qu’Irène se fasse repérer par Monsieur Gé, un espèce de magnat de l’armement, qui décide de construire une Arche et de sauver l’humanité ainsi que quelques animaux de la ferme au cas où la troisième guerre mondiale éclaterait. Douze femmes, dont Irène, sont sélectionnées ainsi que douze hommes. Après la course à l’armement, le climat mondial est extrêmement tendu et une photo satellite d’une bande de pingouins manque de faire éclater la guerre. Dans l’Arche, ça dégénère parce qu’Hono, un des savants de Monsieur Gé joue à Loft Story. La guerre finit par ne pas éclater et toute l’Arche est libérée. Mais le temps de Paix universelle est d’ores et déjà compté.
Ce que j’ai aimé : Comme toujours chez Barjavel, la guerre et la destruction de la planète est omniprésente. Toujours avec de l’amour au milieu de tout ça. Non seulement c’est dingue comment ce type est poétique, mais ce fut un grand visionnaire. Je pense notamment aux OGM : un poulet géant manque d’anéantir une ville. Et puis la guerre mondiale qui manque d’éclater en raison d’une photo satellite de pingouins… Je revois tellement les États Unis en train de nous faire des démos sur les installations irakiennes. Bref, encore une fois, je suis sciée par ce roman d’anticipation. Ce que je n’ai pas aimé : C’est du Barjavel. Donc, on a parfois une sensation de déjà vu. Ce sont toujours les mêmes thèmes : amour et apocalypse. A lire, mais pas trop rapproché d’un autre Barjavel.
Résumé : Ma petite couillette d’amour m’a donné envie de me replonger dans du Barjavel, le roi du nihilisme féerique. Cela faisait pas mal d’années que je croisais ce recueil de nouvelles chez les bouquinistes, peut-être même bien que j’ai dû l’acquérir à un moment donné. Il était donc grand temps de s’y mettre, surtout qu’avec un Librio, si ça se passe mal, le calvaire est vite terminé. Les enfants de l’ombre :Ça se passe dans une dimension parallèle de l’Allier, ou en tout cas dans une version un peu fantastique de notre bonne rivière, dans le village de Chussy. On y découvre une source d’eau pétillante, qui devient vite renommée. Tant et si bien que la source finit par s’épuiser. On y colle des gamins sous le sol pour souffler dedans et faire biller artificiellement. Un jour, on croit voir une créature surnaturelle dans la flotte et on commence à lui attribuer beaucoup de choses. Les mains d’Anicette :Anicette est une gamine un peu lunaire, pas méchante pour un sou, et même plutôt bienveillante d’ailleurs. Le jour où une de ses petites camarades est blessée lors d’une rixe, Anicette l’emmène à la fontaine pour nettoyer l’écorchure. En prenant l’eau dans ses mains, les gens y voient le reflet de leurs pensées, mais en croyant qu’il s’agit de l’avenir. Péniche : Péniche est un gars simple qui vit au fond des bois, tranquillement. Un jour, il doit quand même faire son service militaire puis se préparer à la guerre. Chose qui dépasse Péniche, mais comme c’est un gars de bonne volonté… Une fée lui fait trouver trois vœux, et malgré lui, Péniche causera bien des soucis à la guerre. La fée et le soldat :À force de faire chier les angelots, la fée Pivette se fait renvoyer par Dieu sur Terre. Elle y restera jusqu’à ce qu’elle connaisse « le péché de chair ». Évidemment, les fées ont disparu depuis bien longtemps et le monde s’est méga urbanisé. Les nations sont perpétuellement en guerre, leur chair fraîche ne pousse que pour aller au champ de bataille. Pivette va constater que l’enfer est pavé de bonnes intentions. L’homme fort : Georges Lassoupadie est un marchand de vin, un peu inventeur à ses heures perdues. Il invente une espèce de potion d’Obélix qui le rend super fort. Il va donc pouvoir entreprendre de grandes choses avec ça. Mais chaque résolution de problème entraîne la création d’un nouveau. Béni soit l’atome : Ah, enfin la nouvelle éponyme! Bon, ben comme d’habitude, grosse guerre nucléaire, les seuls survivants sont les gens qui étaient dans les avions. Ils se posent au Groenland et grâce à la présence d’un savant, ils réussissent à construire une civilisation qui s’est détachée d’à peu près tout ce qui nous rend esclave aujourd’hui. Ils s’expandent jusqu’aux confins du système solaire jusqu’à ce que les moitiés des planètes et des satellites fassent se rebellent pour revenir à un mode de vie plus archaïque.
Ce que j’ai aimé : Bon, c’est du vieux Barjavel de chez les familles avec les mêmes thématiques omniprésentes : la guerre, l’humanité qui ne prend jamais sa chance de progresser spirituellement. C’est pessimiste à souhait, dit comme ça. Le fort de Barjavel, c’est qu’il nous enrobe ça de féerie. On a l’impression de lire une histoire pour enfants et quand on referme le livre, on a une super banane, alors que c’est triste à mourir ses morales. Très très fort! Ce que je n’ai pas aimé : Forcément, je trouve que le fait de mettre ensemble des nouvelles toutes du même genre donne un côté monomaniaque qui gâche un peu. Pas grave, ça se lit vite!
Résumé : On est dans le milieu très feutré des grands écrivains qui donnent le ton aujourd’hui à chaque rentrée littéraire. Christine Anxiot, très en retard pour la remise de son manuscrit, disparaît mystérieusement. Denis-Henry Lévi tente le tout pour le tout, abandonne sa vie douillette et part en exploration de Barbès, puis disparaît aussi. Chiflon, le grand magnat de l’édition, lance alors le commissaire Adam Seberg sur l’enquête pour interroger les autres écrivains de la rentrée, avant que ceux-ci disparaissent corps et biens : Mélanie Nothlomb, Pascal Servan, Anna Galvauda, Jean-Christophe Rangé, etc…
Ce que j’ai aimé : Fioretto a bien su croquer tous ces grands médiatiques du paysage littéraire français. Sérieux, on se marre! Même si on ne les a pas tous lus, on les connaît au moins de la télé, donc on ne se sent jamais perdu. Ce que je n’ai pas aimé : Je crois que ça ne m’en laissera pas un empreinte mémorable. A lire dans une salle d’attente de médecin généraliste, ça ne demandera pas trop d’efforts.
Résumé : J’allais pas me laisser démonter par une histoire foireuse d’arbre qui s’appelle Tristan. Le gars, il a eu le Goncourt, fallait que je lise. Non pas, parce que les prix littéraires, c’est fashion. Le Goncourt, je le kiffe, parce que c’est là que j’ai grandi (oui, parce que c’est un trou du cul de la Frônce) mais ça, c’est une histoire que je vous raconterai un autre jour.
Un jour (oui, des jours et des vies quoi…), des tziganes marseillais s’adonnent à leur hobby préféré, piquer des auto-radios ou des bagnoles, ou des tas d’autres trucs. En piquant une Ami6, ils embarquent aussi un bébé. Ils lui donnent le nom de l’auto, mais ça devient vite Aziz. En grandissant, il essaie tant bien que mal de se faire une place dans la communauté, tout en rêvant sur un livre de légendes que lui avait offert un de ses profs. Aziz s’invente une vie à défaut de savoir quelle est la sienne.
En devenant adulte, il se fait choper par les flics, et comme il n’a que des papiers bidons, forcément, c’est direct l’expulsion. En raison de sa bonne gueule, et parce que le gouvernement veut faire de l’expulsion humaniste, Aziz se retrouve embarqué dans une histoire rocambolesque, où il fait la une de Paris Match. Jean-Pierre, l’attaché humanitaire qui doit l’aider à s’insérer au Maroc, le pays pseudo-originel d’Aziz, est un écrivaillon raté, qui mène une vie misérable de fonctionnaire et n’arrive pas à faire le deuil de son histoire avec sa femme.
Ces êtres, que tout éloigne, mais qui ont en commun une bienveillance l’un vers l’autre, et vivront, chacun à sa manière, un sacré road-trip initiatique.
Ce que j’ai aimé : Le côté un peu foufou d’une vie rocambolesque. Je me suis forcément retrouvée dans ce va-nu-pieds, qui n’est de nulle part. Le héros est simple, attachant, bienveillant. C’est une feel-good-story, ça se lit très vite, pour faire de beaux rêves, y’a pas mieux. Ce que je n’ai pas aimé : Ce n’est pas inoubliable non plus.
Résumé : Ah, le premier (et un des rares, d’ailleurs) Nothomb qui me soit tombé sous la main. Après tant d’années, je me suis dit qu’il serait temps d’y replonger, surtout que j’ai récemment vu le film, et que pour une fois, l’adaptation m’avait paru chouette.
Donc Amélie, après un brillant cursus, décide de tenter sa chance au Japon, où elle avait débuté sa vie. Embauchée comme interprète dans la branche import-export d’une firme quelconque, Amélie se retrouve affectée au service comptabilité. C’est le premier gros what the fuck de ce que vont être les sept mois à venir.
Amélie va passer sept mois à devenir débile sans comprendre la culture de l’entreprise nippone. Elle va enchaîner des tâches fictives, comme servir le café, changer le jour des calendriers ou refaire sans cesse les mêmes mille photocopies. Tout ça, sans comprendre le parcours initiatique qui s’impose à elle. Elle rate forcément toutes les épreuves et sa vie devient un enfer.
La force d’Amélie, c’est de prendre tout ça avec une certaine philosophie, d’en rire, et de relâcher la pression quand ça dérape, comme se retrouver sous un tas d’ordures au petit matin après trois nuits blanches à essayer de vérifier des notes de frais imbittables.
Entre deux activités débiles, elle croque sa hiérarchie. Et elle passe une bonne partie de sa vie à observer Fubuki, sa chef, une belle femme, qui en a bien chié pour réussir une carrière, mais qui est trop périmée à 29 ans pour réussir une vie familiale. Les maladresses d’Amélie font forcément de l’ombre à Fubuki, qui ne cesse alors de faire descendre toujours plus bas cette petite sotte d’occidentale, jusqu’au fond des chiottes même. Cet amour-haine reste le moteur du roman et de la vie d’Amélie dans la compagnie.
Ce que j’ai aimé : Ce livre, très court, est à lui seul une estampe japonaise. Heureusement, grâce à son humour et sa fraîcheur, Nothomb nous évite le contemplatif chiant comme l’a pu l’être Soie d’Alessandro Barrico. On n’a pas le temps de s’endormir que c’est déjà fini! Ce que je n’ai pas aimé : La culture d’entreprise. Je l’avais lu encore étudiante, mais avec le recul, je constate avec frayeur que toutes les cultures d’entreprise sont les mêmes : somme toute, des machines à broyer les humains. C’est terriblement pessimiste, mais juste. J’espère juste pouvoir garder jusqu’à la fin de ma carrière le même recul qu’Amélie-San.
Résumé : Ah, ça faisait bien longtemps que je n’étais pas revenue avec un ‘tit Mimile de sous les fagots, ça vous avait manqué, hein? Là, notre héros-anti-héros, c’est Florent. Le bougre, républicain jusqu’à la moelle, s’est fait arrêter parce qu’il était au mauvais endroit, au mauvais moment, la nuit du coup d’état de Napoléon III. Celui qui avait été prof se retrouve au bagne. Après s’être desséché physiquement et mentalement en Guyane (qui n’était alors pas touristique pour un sou), il se fait la malle et décide de revenir à Paname. On fait connaissance avec lui à dos de charrette d’une paysanne de Nanterre qui, au petit matin, vient apporter ses victuailles dans le ventre de Paris : les Halles.Faut bien les nourrir, les gens de la capitale, et c’est ce monstre gargantuesque qui devient le vrai héros du bouquin.
Mais revenons à Floflo. Il a un plan, retourner chez son petit frère, qu’il a eu sous son aile pendant de nombreuses années, et il espère qu’il est temps que l’autre lui rende la pareille. Quenu, il est devenu charcutier, a épousé Lisa Macquart (ah voilà le lien, héhé!). Il n’est pas très malin, mais bosseur, elle aussi c’est une bosseuse, et économe par dessus le marché. Tu la sens la vieille France, là, tu la sens hein? Alors le frère prodigue qui débarque là-dedans, qui refuse à prendre sa part d’héritage du vieux Quenu, au départ c’est Byzance et joie dans les cœurs. Floflo, qui a bien morflé, adore kiffer la vibz dans la charcute. Mais bon, la vielle France, elle aime pas ça, les gens qui kiffent la vibz, alors elle lui trouve un taf auquel Floflo devra s’y coller illico presto. Pour un idéaliste, c’est la mort dans l’âme qu’il s’y colle. Il devient inspecteur de la marée, un comble de se retrouver à bosser pour l’Empire alors qu’il ne porte que la République aux nues. En plus, il doit planquer son passé de faux révolutionnaire. Et cet inspecteur va nous faire voyager tout au long du roman dans ces Halles monumentales.
Ce que j’ai aimé : Wouaouh, Mimile, tu m’as encore scotchée. L’histoire de Flo est secondaire, ici on voyage dans le ventre de Paris, ça regorge de couleurs et d’odeurs. Mais une fois la faim rassasiée, on en a les dents du fond qui baignent, comme après un banquet de fin d’année. Parce que derrière toutes les fragances, il y a la face nauséabonde de la France. Celle qui ne regarde que devant sa petite porte, qui ne supporte pas la différence, et qui est prête à tout écraser. La France qui épie derrière les rideaux et qui te balance une savate dans la face parce que tu ne lui ressembles pas (oui, c’est du vécu). Sur Babelio, j’ai vu que Nastasia-B la comparait à la France de Vichy. Mais non, il s’agit de la bonne France de nos campagnes, qui ne glorifie que son propre travail. Et en cela, Zola est très fort pour nous baigner dans ce monde-là. Et vraiment, c’est le roi de la carte postale. Ce que je n’ai pas aimé : Non, vraiment, je ne peux que m’incliner, il n’y a rien à jeter.
Résumé : Une expédition scientifique découvre, planquée dans le sous sol de l’Antarctique, un truc chelou. Tellement chelou qu’une super méga coordination scientifique mondiale se mettra en place pour en percer les mystères. Le monde entier assiste, quasiment en direct, à cette découverte : un œuf en or refermant deux gens, sortes d’Adam et Eve d’un passé révolu.
Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Au fil des pages, nous découvrirons leur historie et d’où ils viennent.
Ce que j’ai aimé : TOUT, toujours et tout le temps. J’ai lu ce bouquin au collège et il est rare que je ne le relise pas au moins tous les deux ans. Je trouve que c’est un joli conte (travaillons tous main dans la main pour un monde meilleur) et l’histoire pourrait totalement s’inscrire dans la nôtre.
Pour me redonner envie de lire, il me fallait une valeur sûre, un truc qui se lise à la cool après l‘indigeste vieux. Tu peux même le faire lire à ton adolescent boutonneux parce que ça devrait lui parler à lui aussi. Ce que je n’ai pas aimé : La fin, mais c’est une quelque-chose que je retrouve souvent dans les bouquins que je lis : trop abrupte, genre, je dois aller faire caca, alors je finis vite d’écrire une fin et on en parle plus.
Résumé : Hé oui, je suis retournée dans Sade, à mon corps défendant mais pour la bonne cause, c’est à dire toi public! Je l’avais lu il y a moult années et mon seul souvenir, c’était un peu d’excitation, et sinon, Justine qui mange du caca. Apparemment, c’est le plus grand kif de Sade, à part la torture et le viol, cf. les 120 journées. Mais, comme je te l’ai déjà dit, mon mec idolâtre ce gars, alors je cherche à comprendre, tu vois, et je dépasse un peu ma nausée chiottesque pour m’y jeter. Mais revenons à nos moutons. Donc, deux gamines de bonne famille, sont envoyées au couvent par les darons, parce qu’il faut bien les éduquer pour bien les marier. Pas de bol, les payeurs parents meurent. En bonne charité chrétienne qui n’est bien ordonnée que lorsque ne concerne son propre intérêt, les gamines se font virer du couvent. Toi, tu rentres, toi, tu rentres plus. Elles ont un peu d’argent de poche, parce que, quand même, les parents avaient un peu de pognon, mais pas de quoi mener la grande vie. Les frangines qui ne voient pas l’avenir de la même façon, se séparent donc pour trouver chacune une place. Juliette je t’aime, l’aînée, clairvoyante, se dit que, pour vivre heureuse, l’amour et l’eau fraîche ne suffisent pas, et que du pognon c’est bien aussi. Comme elle n’a que sa petite personne en bien à faire fructifier, elle rentre au bordel, et besogne bien. En grandissant, elle arrive à charmer quelques vieux richards et fait de bonnes épousailles. A elle la belle vie. Justine, la ch’tiote, se dit que l’amour et l’eau fraîche, c’est bien, mais Dieu c’est mieux. Et elle, n’est pas prête à se servir de sa vertu. A ce moment-là, je me demande pourquoi elle ne devient pas novice. Mais bon, ce serait trop simple. Comme elle ne sait pas plus faire grand chose que sa soeur, elle se cherche une place de servante. De la propale, il y en a, mais que chez des vieux coquins pervers, qui adorent enculer (et dans tous les sens du terme, ma bonne dame). Au départ, elle fait la fine bouche, mais quand le pécule s’épuise, il faut bien accepter les places qui se présentent. Bon, à chaque fois, ça se finit mal pour elle. Et comme Justine est un peu con espère apitoyer quelqu’un dans ce bas monde, à chaque nouvelle opportunité, elle raconte les malheurs qui lui sont arrivés. Et ça, ça excite toujours un peu plus, et elle s’en prend encore plus plein le cul ou la chatte ou la gueule.
Le remords ne prouve pas le crime, il prouve seulement une âme facile à subjuguer.
Ce que j’ai aimé : J’aurais tellement aimé lui foutre des tartes dans la tronche à Justine. Mais j’ai fini quand même par soutirer à mon mec : « Nan, moi ce que j’aime chez Sade, c’est son style d’écriture. Parce que c’est vrai que les scénars, il tourne quand même un peu en boucle… » Un grand mystère de l’univers vient d’être éclairci.
Ce que je n’ai pas aimé : Ah ben, encore une fois, beaucoup de vieux pervers, de caca dans la bouche, toussa, toussa. Bon, à ma première lecture, j’avais trouvé ça un peu fou et génial. Aujourd’hui, et après les 120, j’ai un peu une impression de dents du fond qui baignent. Bon c’est à lire quand même, parce que c’est vachement plus abordable que les 120, et que c’est « Le » bouquin de Sade. Mais moi, j’ai donné, merci…
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Résumé : Tout d’abord, je tiens à remercier Marion et la Musardine pour m’avoir fait partager cette lecture. Et aussi je tiens à m’excuser platement d’avoir mis autant de temps à le chroniquer. En fait, je l’ai assez vite lu, mais je ne savais pas par quel bout prendre la chronique, je vous raconterai pourquoi plus tard. Mais revenons d’abord à l’histoire.
Il s’agit de l’histoire de la narratrice et de son amant qu’elle surnomme « Haboob : vent du sable tempétueux, qui souffle le chaud ou le froid, et laisse le paysage méconnaissable. Il porte un joli nom exotique, mais brasse le sable et la crasse pour vous les coller en plein visage et en recouvrir votre maison. »
Haboob, il kiffe la narratrice, mais il kiffe, quoique moyennement, bobonne. A un moment donné, comme dans tous les triangles amoureux, ça devient compliqué, on ne peut pas être sur tous les fronts à la fois, et délaisse la narratrice. Celle-ci, comme le titre l’indique, s’occupe en l’attendant, ou au moins en attendant de l’oublier.
Elle enchaîne les différents lieux libertins, hammams ou autres clubs, petites annonces et diverses rencontres. Elle découvre des pratiques sexuelles ou s’entraîne à d’autres, mais toujours la hante une petite pensée pour Haboob. Cette relation qui n’est plus reste le fil conducteur du roman. Elle essaie de passer à autre chose mais y revient toujours. Ce que j’ai aimé : Le début : « Je n’aime pas mon anus. » Putain, depuis Camus, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu une entame aussi choc. Le style est à l’image de cette première phrase, cru, sans être vulgaire. Point d’érotisme gnian-gnian, ce n’est pas une mijaurée. On est dans le sexe cru, on sent le stupre dans cette lecture. Le fait que le roman soit assez court et que les scènes s’enchaînent font qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer. Ce que je n’ai pas aimé : Ça manque un peu d’amour tout ça. Mais on n’est pas là pour ça. Ce qui m’a le plus gêné dans cette histoire, c’est que je connais l’auteur. Autant je suis une fille avec peu de tabous en général, autant imaginer la sexualité de mes copains, c’est un peu comme imaginer la sexualité de mes parents, j’en ai pas tellement envie. Et la part d’autobiographie là-dedans me hante un peu. Oui, c’est une raison personnelle, mais du coup cette lecture m’a gêné. La bonne nouvelle, c’est que pour toi lecteur, ça n’a aucune incidence. C’est ce qui m’a tellement bloqué pour écrire cette chronique. Encore une fois, désolée.